Tous·tes dans une photo

Tous·tes dans une photo est une opération d’art en commun, menée à travers un processus de présence et de production, avec et pour les habitant·e·s de la tour Paris Habitat située au 1 rue Martin Luther King, dans le quartier des Larris à Fontenay-sous-Bois. Une pratique artistique pour les espaces liminaires entre le chez-soi et la ville.

Ce processus a débuté en septembre, au moment de notre arrivée dans le quartier. Ce qui nous a frappés dès le départ, c’est la présence massive de caddies de supermarché, abandonnés ou réutilisés, dans le paysage urbain. Nous en avons customisé un, pour en faire un dispositif esthétique relationnel, un médium mobile à travers lequel rencontrer les habitant·e·s dans l’espace public. Ce geste avait pour but d’interagir avec celles et ceux que nous ne parvenions pas à croiser dans le lieu associatif, premier espace de notre arpentage.
Dans ces déambulations, nous avons proposé aux passant·e·s de petits exercices de concentration. Ces moments partagés ont ouvert des portes sur la mémoire collective et révélé les rhizomes relationnels du quartier.
C’est ainsi que nous avons identifié un noyau de relations de voisinage sur lequel il était urgent d’agir : pour renforcer la participation à une citoyenneté active, pour faire émerger un sentiment de responsabilité partagée.

Les processus relationnels déclenchés par cette action artistique se sont déployés dans les interstices du bâti – les espaces liminaires entre le privé et le public : escaliers, couloirs, seuils. L’objectif : créer un souvenir commun entre les habitant·e·s de la tour. Pour cela, nous les avons invité·e·s à sortir sur les balcons d’une même façade du bâtiment, afin de réaliser une photographie collective.

Ce geste impliquait que celles et ceux vivant de l’autre côté de la tour aillent frapper chez un·e voisin·e, pour être accueilli·e·s sur leur balcon – juste le temps d’une photo.
Pendant quinze jours, à travers ma présence, des pancartes, des petits poèmes et des affiches dans les couloirs et sur le seuil des appartements, nous avons transformé ces lieux de passage en espaces de dialogue.
Cette action, presque performative, a permis de faire de notre proposition un moment qui transcende l’ordinaire de ces espaces liminaires.

Le 31 mai à midi, ce processus relationnel a culminé : certain·e·s habitant·e·s, en participant à la photo, sont devenu·e·s partie prenante de l’œuvre.
L’œuvre d’art est ainsi devenue un outil, un prétexte, un révélateur : elle a accéléré et révélé des relations plus ou moins déjà existantes, afin de renforcer un sentiment d’appartenance à un territoire commun.
Nous remercions tou·te·s les habitant·e·s de la tour du 1 rue Martin Luther King – celles et ceux qui se sont montré·e·s, d’un côté ou de l’autre de la tour.

L’épisode zéro de Tous·tes dans une photo nous a permis de rapprocher davantage de personnes d’un engagement vers une citoyenneté active.
Cela nous a permis d’aller là où ni les associations ni l’offre culturelle n’arrivent à aller d’ordinaire, pour inviter chacun·e à entretenir un rapport plus conscient, et moins indifférent, à l’autre.